Vous vous intéressez à la façon dont les soins sont dispensés en Belgique ou êtes vous un professionnel de la santé qui a déjà entendu parler de l’Evidence Based Practice et qui n’a pas vraiment compris ce que c’était et bien cet article peut vous intéresser !
Avez-vous déjà entendu le terme EBP ? L’EBP est l’abréviation pour Evidence-Based Practice ! Je ne sais pas si vous avez des notions d’anglais, mais si on le traduit en français ça veut littéralement dire “Pratique Basée sur des Preuves”. Voici comment Le Service Public Fédéral de Santé publique Belge le définit “« l’utilisation consciencieuse, explicite et judicieuse des meilleures preuves scientifiques récentes lors des choix concernant les soins de patients individuels » (BelgiumEvidence Based PracticeEvidence Based Practicehealth.belgium.be/fr/evidence-based-practice#:~:text=La%20%C2%AB%20pratique%20bas%C3%A9e%20sur,au%20quotidien%2C%20trois%20%C3%A9l%C3%A9ments ). En gros c’est la prise en compte des meilleures preuves scientifiques lorsqu’on donne un traitement. L’EBP a pour objectif d’améliorer la qualité des soins et donc éviter de faire perdre du temps, de l’énergie et de l’argent au patient avec des traitements qui ne fonctionnent pas voire qui peuvent aggraver ses symptômes/ sa problématique.
Aujourd’hui en Belgique, les soins tendent à être de plus en plus personnalisés : on tient compte de l’histoire de chaque personne, de ses valeurs, de ses envies et de ses attentes. Les soins deviennent aussi plus collaboratifs : le patient n’est plus un simple “receveur” de soins, mais un véritable partenaire. Il donne son avis, participe aux décisions et peut choisir ce qui lui convient le mieux. Enfin, les traitements ne reposent plus seulement sur des habitudes ou des intuitions, mais sur des preuves scientifiques solides, pour offrir des soins à la fois humains et efficaces.
Il y a trois piliers dans l’EBP :
Ces trois éléments, c’est un peu comme les trois pieds d’un même tabouret : s’il en manque un, tout devient bancal. Ils sont tous aussi importants et c’est ensemble qu’ils permettent de construire quelque chose de solide et équilibré
Quand on parle de soins basés sur les preuves, on parle souvent de trois éléments essentiels : les connaissances scientifiques, l’expérience du professionnel, et les préférences du patient. Mais il ne faut pas oublier un quatrième pilier tout aussi important : le contexte dans lequel ces soins sont proposés.En effet, chaque pays, chaque région, voire chaque service de santé, a ses propres règles, ressources et réalités. Le ou la professionnelle ne soigne pas dans un monde idéal : il ou elle doit composer avec ce qui est possible ici et maintenant. Par exemple : Est-ce que ce soin est remboursé par la mutuelle du patient ? Est-ce qu’il existe des aides publiques ou associatives pour cette problématique ? Est-ce qu’il y a assez de personnel ou de temps pour mettre en place le suivi proposé ?
L’EBP est une démarche qui vise à offrir les soins les plus efficaces et sûrs, fondés sur la science, tout en respectant l’individu.
Après avoir introduit ce qu’était l’Evidence-Based Practice développons un peu plus sur sa place dans les soins en Belgique !
C’est depuis le début des années 2000 que le gouvernement Belge travaille pour intégrer L’Evidence-Based Practice au coeur du système de soin belge. Ce qui a marqué un tournant c’est la création du “Réseau Evikey” en 2018 qui a été financé par Le Service Public Fédéral de Santé publique Belge et l’Inami (=Institut National d’Assurance Maladie-Invalidité, est un organisme fédéral de sécurité sociale qui gère l’assurance obligatoire soins de santé et indemnités). Le Réseau Evikey, c’est une équipe de professionnels et d’experts qui travaillent ensemble pour que, partout en Belgique, les soins et traitement soient basés sur des preuves scientifiques. Leur but, c’est d’aider les soignants (médecins, psychologues, infirmiers…) à proposer des soins de qualité, efficaces, et vraiment centrés sur les besoins et les valeurs des patients. Ils rassemblent des infos fiables venant de la science (comme des recommandations ou des études récentes). Ils partagent ces infos avec les soignants sur des sites faciles à consulter (comme ebpnet.be ou encore InfosanteComprendre pour mieux choisirComprendre pour mieux choisirinfosante.be ).Ils forment les professionnels de santé pour qu’ils puissent utiliser ces données au quotidien. Et ils s’assurent que ce qui est conseillé soit vraiment mis en pratique, sur le terrain, dans la vraie vie.
Après avoir expliqué ce qu’était l’EBP et la place qu’il a dans les soins en Belgique, il est temps d’aborder l’Evidence-Based Practice dans les approches de groupe en santé mentale (thérapies de groupe et groupe de soutien). Les groupes de soutien et les thérapies de groupe sont-ils Evidence-Based ? Autrement dit, les études scientifiques ont-elles prouvé l’efficacité de ces approches groupales dans les soins de santé mentale ?
Avant d’approfondir le sujet, il est important de rappeler la différence entre thérapies de groupe et groupe de soutien. La thérapie de groupe est menée par un professionnel de la santé mentale, comme un psychologue. Elle suit un cadre précis et vise à mieux comprendre les causes profondes de la problématique abordée, les émotions, les comportements. Le thérapeute guide les échanges et propose parfois des exercices pour aider à avancer.
Le groupe de soutien, lui, est souvent plus simple et plus libre. Il est souvent animé par des personnes qui ont elles-mêmes vécu les difficultés liée à la thématique du groupe. Ce genre de groupe offre un espace d’écoute et de partage, où chacun peut parler de ce qu’il vit et recevoir du soutien. Il n’y a pas de thérapie au sens strict, mais l’entraide joue un rôle très important.
Ces deux approches sont différentes, mais elles peuvent très bien se compléter. Participer à un groupe de soutien peut aider à se sentir compris, et suivre une thérapie de groupe permet d’aller plus en profondeur.
De nombreuses personnes se demandent si parler en groupe avec d’autres personnes qui vivent la même chose peut réellement aider. La réponse est : oui, dans bien des cas, cela fait du bien et ce n’est pas seulement une impression, ça a été étudié par la science . Par exemple, une étude internationale, menée par Zhang, Li et Hu, publiée en 2022 dans la revue Patient Education and Counseling a analysé au total 17 essais randomisée contrôlé ( Un essai randomisé contrôlé, c’est une expérience scientifique où on répartit des personnes au hasard, par tirage au sort dans différents groupes, par exemple un groupe qui teste un nouveau traitement et un groupe qui ne le teste pas. Cela permet de comparer les résultats de façon juste et fiable)sur les groupes de soutien entre personnes atteintes de cancer. C’est ce qu’on appelle une méta-analyse, c’est-à-dire qu’on met ensemble les résultats de plusieurs études pour en tirer une vue d’ensemble. Les résultats ont montré que les personnes qui participaient à un groupe de soutien se sentaient moins seules, moins tristes, moins anxieuses, et elles disaient avoir une meilleure qualité de vie que celles qui n’avaient pas ce type d’accompagnement (DOI: 10.1016/j.pec.2022.07.008 ) (https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35858869/).
Natasha Lyons et ses collègues ont réalisé une méta-analyse et une revue systématique, publiée en 2021 dans la revue BMC Psychiatry, analysant et comparant les résultats de plusieurs essais randomisés contrôlés prenant en compte un total de 2 131 participants sur l’effet des groupes d’entraide entre personnes vivant avec des troubles psychiques (comme la dépression, les troubles anxieux etc),. Ils ont étudié plusieurs groupes et ont trouvé des légères améliorations sur le sentiment de rétablissement personnel des participants (c’est-à-dire leur espoir, leur estime de soi, leur sentiment d’avoir du contrôle sur leur vie) dans les mois suivant la participation au groupe. Cependant, cette méta-analyse n’a pas mis en évidence la réduction des symptômes psychiatriques en eux-mêmes. Elle dit aussi que les groupes de soutien entre pairs montrent des effets prometteurs, mais la recherche n’est pas encore assez solide pour dire avec certitude qu’ils devraient être proposés partout, dans tous les services de santé mentale. Il faudrait encore plus d’études de qualité pour vraiment confirmer ce que beaucoup ressentent déjà : que ces groupes peuvent faire une vraie différence. En attendant, ils restent une option intéressante, surtout quand ils sont bien encadrés.(BiomedcentralA systematic review and meta-analysis of group peer support interventions for people experiencing mental health conditions – BMC PsychiatryA systematic review and meta-analysis of group peer support interventions for people experiencing mental health conditions – BMC Psychiatrybmcpsychiatry.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12888-021-03321-z#:~:text=groups,low%20overall%20risk%20of%20bias )
En conclusion, les groupes de soutien ne remplacent pas un traitement médical ou une thérapie, mais ils peuvent être une vraie aide dans le parcours de soin, le fait de pouvoir échanger avec d’autres, de se sentir compris et soutenu, aide à traverser les épreuves.
Pendant longtemps, la psychothérapie individuelle a été considérée comme la référence, mais aujourd’hui les thérapies de groupe sont largement étudiées et reconnues comme efficaces.
Par exemple Schwartze et ses collègues ont publié en 2020 dans le Journal of Society for Psychotherapy Research, une méta-analyse exhaustive sur l’efficacité de la psychothérapie de groupe pour les troubles anxieux. (https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32093586/ ) Cette analyse de 57 essais randomisé contrôlé incluant 3 656 participants démontre que la psychothérapie de groupe réduit significativement les symptômes des troubles anxieux par rapport aux groupes contrôle sans traitement, tout en ne montrant aucune différence significative par rapport à la psychothérapie individuelle.
Ou encore les scientifiques Schwartze, Barkowski et ses collègues ont aussiréalisé une méta-analyse et une revue systématique pour étudier l’efficacité de la thérapie de groupe pour les troubles de Stress Post-traumatic en 2019 (https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29179647/ ). Cette analyse de 20 essais contrôlé randomisé comprenant 2 244 individus révèle que la thérapie de groupe a permis de réduire significativement les symptômes liés au traumatisme, et elle s’est montrée aussi efficace que les autres traitements individuels.
En conclusion, les thérapies de groupe peuvent être considérées comme une modalité de traitement evidence-based pour de nombreux troubles psychologiques. Les méta-analyses indiquent que les thérapies de groupe sont généralement plus efficaces que l’absence de traitement et aussi efficaces que les thérapies individuelles pour de nombreux troubles. Toutefois, comme pour toute intervention thérapeutique, leur efficacité dépend de multiples facteurs et varie selon les individus et les contextes.
Voilà, vous en savez maintenant un peu plus sur ce que veut dire Evidence-Based Practice, ou “soins basés sur des preuves”. C’est une manière de soigner qui prend en compte ce que dit la science, l’expérience des soignants, les besoins et les valeurs des patients, et la réalité du terrain.
Et ce qu’on peut retenir, c’est que la thérapie de groupe fait bel et bien partie des approches validées par la recherche. Plusieurs grandes études scientifiques, menées sur des milliers de personnes, ont montré que les groupes thérapeutiques peuvent être tout aussi efficaces que les thérapies individuelles, que ce soit pour traiter l’anxiété, les traumatismes, ou d’autres difficultés psychologiques.
Les groupes de soutien, eux aussi, montrent des effets positifs : ils ne remplacent pas un soin médical, mais ils peuvent offrir un vrai soulagement émotionnel, rompre la solitude et aider à se sentir soutenu quand on traverse quelque chose de difficile.
Donc se soigner en groupe, ce n’est pas un “plan B” c’est une vraie option thérapeutique, humaine, validée, et souvent très précieuse. Et grâce à l’EBP, on avance vers des soins de plus en plus adaptés, efficaces, et centrés sur la personne
Si vous cherchez un groupe de soutien ou une thérapie de groupe correspondant à votre situation, consultez notre répertoire de groupes actifs en Belgique et en ligne. Vous y trouverez des espaces adaptés à différents besoins, thématiques et langues.