Toute science évolue constamment, et la psychologie avec. Presque chaque jour, une nouvelle découverte a lieu. Mais ou en sommes-nous avec la psychologie ? Actuellement, de nombreux nouveaux domaines apparaissent en psychologie, surtout avec l’arrivée des technologies ultra-performantes. Dans cet article, nous allons aborder les digital micro-interventions, qui sont un domaine tout neuf et très peu documenté (pour le moment) en psychologie, mais qui résonnent fort avec Letters to the Heart (à changer).
Les digital micro-interventions (micro-interventions numériques en français), ce sont des thérapies d’intervention ultra-brèves, données sur une plateforme digitale. En gros, ça porte bien son nom. Quelques exemples pour illustrer cette thérapie seraient :
En bref, les digital micro-interventions, ce sont très généralement des interventions très connectées, qui peuvent récolter énormément de datas pour permettre à l’application ou l’IA d’aider la personne au mieux possible.
Cette méthode ne remplace évidemment pas une thérapie de longue durée, mais peut être très utile dans des contextes adéquats. Elle est utilisée dans une variété de contextes liés à la santé mentale, en particulier lorsqu’on cherche à agir de manière rapide, discrète, personnalisée et peu contraignante. Elles aident à la régulation du stress, à la prévention des rechutes dépressives, en soutien à l’auto-régulation émotionnelle, servent aussi de prévention à la santé mentale ou comme de suivi entre deux séances thérapeutiques. Au final, c’est une méthode ouverte à un public très large, qui ne coûte pas cher, et qui aide peu à peu au quotidien pour atteindre un état de bien-être général.
Les articles scientifiques sur ce sujet sont très récents, puisque c’est un domaine en pleine croissance. Cependant, ils ont tous majoritairement le même consensus : ça fonctionne !
Dans un article, les chercheurs ont testé l’efficacité et l’acceptabilité des micro-interventions basées sur le stress management, et ils en ont conclu que peu importe la façon d’agir de ces micro-interventions, la méthode était très efficace. Toutes les interventions ont conduit à une réduction significative du stress, de la rumination et des affects négatifs et les effets les plus marqués venaient d’interventions combinées. De plus, les utilisateurs ont jugé l’acceptabilité très élevée. Le seul hic, c’est que ça doit être basé sur de la théorie et des données empiriques (donc, les résultats d’anciennes études) pour que ça fonctionne, ce qu’ils reprochent d’ailleurs aux application actuelles de digital micro-interventions. (Johnson, J. A., Zawadzki, M. J., Materia, F. T., White, A. C., & Smyth, J. M. (2022). Efficacy and acceptability of digital stress management micro‑interventions. Procedia Computer Science, 206, 45–55)
Une autre étude, basée sur une seule plateforme nommée Cue, qui collecte automatiquement, grâce aux capteurs du smartphone, des données sur le comportement quotidien de l’utilisateur (sommeil, interactions sociales, rythme de vie, etc.). À partir de ces informations, un algorithme repère les signes de déséquilibre émotionnel ou social. En analysant les tendances des 3 à 4 derniers jours, la plateforme déclenche alors, au moment jugé le plus pertinent, une micro‑intervention personnalisée, comme une proposition d’ajuster sa routine ou de renforcer ses contacts sociaux. Au bout de 16 semaines, les personnes ayant des symptômes intenses de dépression avaient une amélioration significative des symptômes dépressifs, en complément d’un traitement standard. Pour les participants moins symptomatiques, l’effet global est plus modeste, mais des bénéfices sont tout de même observés à la 16ème semaine (Areán, P. A., Ly, K. H., Greene, C. J., Choudhury, T., McClure, M., Arevian, A. C., Marcu, G., & Mohr, D. C. (2022). A precision digital intervention to improve mood for people with depressive symptoms: A randomized controlled trial. Frontiers in Digital Health, 4, 870522.).
Ces études montrent que les digital micro-interventions sont efficaces et bien acceptées, surtout lorsqu’elles sont fondées sur des données scientifiques solides. Leur potentiel est réel, à condition qu’elles s’appuient sur une base théorique rigoureuse. De nombreuses études auront bien évidemment lieu dans le futur sur ce sujet naissant.
Letters to the heart est une forme de digital micro-intervention asynchrone, c’est-à-dire que l’intéraction avec le thérapeute n’est pas directe ou immédiate, puisqu’il faut le temps qu’il réponde. Malgré cela, son efficacité n’est pas moindre. Il n’existe actuellement pas d’études testant le concept de Letters to the heart étant donné qu’il est unique et nouveau, mais comme ce projet est une forme de digital micro-intervention, nous pouvons nous baser sur les études traitant des digital micro-intervention.
Elle n’est pas nécessaire, mais elle est très utile. Selon une étude qui compare l’utilisation d’interventions numériques en santé mentale avec l’aide d’une IA seulement ou accompagnées d’un soutien humain, l’éfficacité de l’application/la plateforme était plus élevée lorsqu’un vrai thérapeute interagissait avec les utilisateurs. De plus, le soutien humain apportait une grande aide surtout lorsque les symptômes dépressifs, de stress ou anxieux étaient plus sévères. (Werntz, A., Amado, S., Jasman, M., Ervin, A., & Rhodes, J. E. (2023). Providing Human Support for the Use of Digital Mental Health Interventions: Systematic Meta‑review. Journal of Medical Internet Research, 25, Article e42864.)
Une autre étude, dont son but est de comparer l’aide automatisée (donc par IA), l’aide guidée par non-clinicien (coach, assistant, …) et l’aide guidée par un clinicien, montre des résultats qui vont dans le sens de ce que je vous ai déjà dit : l’aide guidée est beaucoup plus efficace que celle automatisée, et ce peu importe si c’est une personne clincienne ou pas. (Linardon, J., Cuijpers, P., Carlbring, P., Messer, M., & Fuller-Tyszkiewicz, M. (2022). The effects of nonclinician guidance on effectiveness and process outcomes in digital mental health interventions: A meta-analysis. Psychological Bulletin, 148(4), 287–314.)
Ces études nous prouvent que la présence d’un humain dans ces processus de digitalisation a une place importante, et que cela fonctionne mieux que avec une IA ou une application déjà programmée, automatique.
Il est quand même pertinent de préciser que cette méthode ne remplace pas une thérapie de longue durée, et que si des problèmes plus graves sont présents, il vaut mieux être suivi par un professionnel. Elle est généralement utilisée pour des problèmes plus légers, plus ponctuels. La méthode ne permet pas non plus de diagnostic. Il faut prendre les digital micro-interventions avec une pincée de sel, et les utiliser en complément (c’est d’ailleurs le plus efficace) d’une thérapie classique si le besoin est là.
En somme, les digital micro-interventions ouvrent une nouvelle voie dans le champ de la psychologie, à la croisée de la technologie et du soin. Leur simplicité, leur accessibilité et leur potentiel thérapeutique en font un outil précieux, surtout lorsqu’elles sont bien conçues et accompagnées d’un soutien humain. Même si ce domaine en est encore à ses débuts, les premières études sont prometteuses. Il ne s’agit pas de remplacer les thérapies classiques, mais de proposer une aide complémentaire, souple et personnalisée, adaptée aux besoins du quotidien.