logo healing together groop

Thérapies somatiques dans des espaces alternatifs

  • Introduction

« Le corps porte les cicatrices de ce que l’esprit ne peut supporter.»

Cette magnifique citation d’Alice Miller, psychologue spécialisée dans les traumatismes de l’enfance, résume à elle seule l’esprit des thérapies somatiques. On l’a tous vécu un jour : un mal de ventre avant un rendez-vous stressant, de l’eczéma qui revient sans raison apparente, des tensions dans le dos quand les journées deviennent trop lourdes. Malgré les traitements, les douleurs ou les symptômes reviennent… comme un signal. Pour ma part, c’est ma peau qui parle à ma place. Si je dors mal, si je suis stressée, triste ou fatiguée, elle réagit immédiatement. Des boutons apparaissent, parfois du jour au lendemain. Et rien ne les apaise vraiment… sauf quand je vais mieux.

Le corps a sa façon bien à lui de nous parler. Il exprime ce qu’on n’ose pas toujours reconnaître : qu’on est triste, qu’on se sent dépassé, qu’on garde trop en nous. Les thérapies somatiques partent justement de ce langage corporel. Elles nous invitent à écouter ce que notre corps sait déjà.

À toute personne qui ressent dans son corps ce que l’esprit n’arrive plus à exprimer : stress chronique, traumatismes, douleurs inexpliquées… Cet article vous aidera à mieux comprendre les thérapies somatiques.

  • Qu’est-ce que les thérapies somatiques ?
    • Définition

Les thérapies somatiques, qu’on appelle aussi thérapies psychocorporelles ou thérapies orientées vers le corps, sont des méthodes qui aident à prendre soin à la fois de l’esprit et du corps. L’objectif principal des thérapies somatiques est de travailler sur le lien qui existe entre le corps et l’esprit. On ne va pas uniquement parler de ses  problèmes: on va aussi faire des exercices qui font bouger le corps, qui aident à mieux sentir ce qui se passe à l’intérieur de nous et qui nous permettent de comprendre le lien entre nos émotions et nos sensations corporelles. Par exemple, en apprenant à écouter ce que notre corps ressent, à reconnaître nos tensions et à les relâcher, on peut petit à petit se libérer du stress, des émotions pesantes ou de souvenirs douloureux qui affectent notre équilibre, aussi bien physique qu’émotionnel.

    • Que soignent-elles ?

Les thérapies somatiques peuvent aider à soulager de nombreux problèmes comme les traumatismes, la dépression, l’anxiété, le stress, les addictions, les problèmes sexuels et les troubles somatoformes. Un trouble somatoforme, c’est quand on ressent des douleurs ou des malaises dans son corps, mais que les médecins ne trouvent pas de cause physique claire. Ces douleurs sont bien réelles, mais elles sont souvent liées à des émotions ou à du stress. Par exemple, si vous avez des maux de ventre, que le médecin ne trouve pas la cause et que malgré les médicaments les douleurs reviennent et bien peut être que ces douleurs sont liés au stress, à des émotions fortes et donc les thérapies somatiques peuvent être une aide. 

    • Preuves scientifiques de leur efficacité en thérapie de groupe. 

Je ne sais pas si c’est le premier article que vous lisez sur Healing Together, mais comme d’habitude, allons regarder du côté de la science pour vérifier l’efficacité des thérapies somatiques en groupes !

La thérapie somatique, en groupe, a quelque chose de profondément humain. Être ensemble, dans un même espace, permet de sentir qu’on n’est pas seul à traverser ce qu’on traverse. Ce format crée une sorte de conscience partagée du corps : on observe, on écoute, on se reconnaît dans les gestes, les silences, les soupirs des autres. Et ce simple partage peut déjà soulager.

Dans ces groupes, on alterne entre des moments de mouvement (respiration, étirements, ancrage dans le moment présent, danse…) et des temps de parole. Chacun peut exprimer ce que le corps a réveillé, ce qu’il garde en mémoire, ou ce qu’il relâche. Le corps reste au cœur du processus. Et avec le groupe, on apprend aussi par l’autre : une posture, un geste, une parole peuvent faire écho et ouvrir un chemin vers un mieux-être.

Mais ces ressentis positifs sont-ils confirmés par la recherche scientifique ? Eh bien, oui !

Pour la dépression, une méta-analyse (c’est-à-dire qu’on met ensemble les résultats de plusieurs études pour en tirer une vue d’ensemble) dirigée par Karkou et ses collègues en 2019, à l’Université d’Edge Hill au Royaume-Uni, a regroupé les résultats de 8 études sur des adultes dépressifs ayant participé à des groupes de Danse-thérapie (Dance Movement Therapy). Résultat : une diminution significative des symptômes dépressifs a été constatée, avec un effet durable à 3 mois. Cette approche corporelle en groupe constitue donc une piste intéressante dans l’accompagnement des troubles dépressifs (https://doi.org/10.3389/fpsyg.2019.00936 ).

Pour l’anxiété, une méta-analyse menée par Koch et al. en 2019 (Université Alanus et Université de Iéna, Allemagne) a passé en revue 41 études sur les effets des thérapies par la danse et le mouvement auprès de plus de 2 300 participants. Les résultats montrent une réduction significative des symptômes anxieux, ainsi qu’une amélioration du bien-être général et de la qualité de vie. Ces approches corporelles en groupe semblent donc particulièrement bénéfiques pour apaiser l’anxiété (https://doi.org/10.3389/fpsyg.2019.01806).

Pour les traumatismes (PTSD), une méta-analyse actualisée en 2023 par van de Kamp et al. (Vrije Universiteit Amsterdam, Pays-Bas) a synthétisé les résultats de 29 études sur les interventions centrées sur le corps et le mouvement (yoga, exercices somatiques, etc.) pour traiter le PTSD. Les résultats montrent une réduction modérée des symptômes post-traumatiques, ainsi que des bénéfices modérés sur la dépression. Cependant, l’étude montre des effets importants sur l’amélioration de la qualité du sommeil. Ces approches corporelles de groupe apparaissent donc comme un complément précieux aux thérapies conventionnelles pour les personnes ayant vécu un traumatisme (Doidoi.org/10.1002/jts.22968Doidoi.org/10.1002/jts.22968 ).

Pour les douleurs chroniques et troubles psychosomatiques, une étude randomisée menée par Bravo et al. en 2019 à l’Université de Lleida (Espagne) a évalué les effets d’une thérapie de conscience corporelle en groupe (Basic Body Awareness Therapy) auprès de patients atteints de fibromyalgie (maladie chronique douloureuse). Les résultats sont très positifs : réduction des douleurs, amélioration de la qualité des mouvements, baisse de l’anxiété et amélioration globale de la qualité de vie à 6 mois (DOI: 10.1080/09593985.2018.1467520  ).

Attention, Il existe  deux types de groupes qu’il est important de ne pas confondre : la thérapie de groupe et le groupe de soutien. La thérapie de groupe est menée par un professionnel de la santé mentale, comme un psychologue. Elle suit un cadre précis et vise à mieux comprendre les causes profondes de la thématique abordée, les émotions, les comportements. Le thérapeute guide les échanges et propose parfois des exercices pour aider à avancer.

Le groupe de soutien, lui, est souvent plus simple et plus libre. Il est souvent animé par des personnes qui ont elles-mêmes vécu des problèmes en lien avec la thématique du groupe. Ce genre de groupe offre un espace d’écoute et de partage, où chacun peut parler de ce qu’il vit et recevoir du soutien. Il n’y a pas de thérapie au sens strict, mais l’entraide joue un rôle très important.

Ces deux approches sont différentes, mais elles peuvent très bien se compléter. Participer à un groupe de soutien peut aider à se sentir compris, et suivre une thérapie de groupe permet d’aller plus en profondeur. 

  • Espaces alternatifs : définition et comparaison

Les thérapies somatiques ne se pratiquent pas uniquement en cabinet. On peut aussi les trouver dans ce qu’on appelle des espaces alternatifs. Mais vous allez me dire “Qu’est ce que sont les espaces alternatifs Camille ?”, et bien je vous explique ça tout de suite ! 

Les espaces alternatifs en santé mentale sont des lieux d’accueil, d’entraide et de soutien pour les personnes vivant des difficultés psychologiques. Ce sont des lieux de soins non traditionnels.  On y trouve des activités collectives, des groupes de soutien, des ateliers créatifs ou des espaces de vie partagée. Par exemple, des thérapies sont réalisés dans la nature ou encore via des plateformes en ligne qui offrent des consultations à distance via visioconférence. L’objectif est de rompre l’isolement, de redonner du pouvoir d’action aux personnes et de proposer une vision positive et humaine de la santé mentale. Ces espaces ne cherchent pas à remplacer les soins médicaux en cas de crise, mais offrent une alternative ou un complément pour se sentir mieux, retrouver du lien social, et avancer à son rythme, sans jugement ni étiquette.

Ce qui est intéressant est qu’on peut allier les bien faits de ces espaces alternatifs aux bienfaits des thérapies somatiques. Je vous donne un exemple ci-dessous. 

  • Thérapies somatiques dans les espaces alternatifs

Les thérapies somatiques utilisent de nombreuses techniques : respiration, relaxation, mouvement, danse… L’avantage, c’est que toutes ces pratiques peuvent se vivre ailleurs que dans un cabinet classique. Par exemple, en pleine nature : faire de la thérapie dans la forêt, au bord d’un lac ou dans un jardin. La nature a un effet apaisant : elle calme le système nerveux, diminue le stress et l’anxiété, et nous aide à être plus détendus.

Et la science le confirme !

Par exemple, une étude belge menée en 2021 par White et ses collègues, en collaboration avec le Flanders Marine Institute, l’Université de Gand et la KU Leuven, a observé les effets de l’accès à un environnement naturel en pleine période de confinement COVID-19. L’équipe a suivi 687 adultes flamands vivant soit à proximité immédiate de la mer, soit à l’intérieur des terres. Résultat : les personnes ayant gardé un accès quotidien à la nature du littoral ont rapporté moins d’anxiété, moins d’ennui et davantage de bien-être général. L’étude, publiée dans la revue Psychologica Belgica, souligne ainsi le rôle protecteur de la nature pour la santé mentale en période de stress (DOI: 10.5334/pb.1050  ). Dans un autre registre, une étude pilote très récente menée en 2023 par Joschko et ses collègues (Université suédoise des sciences agricoles et hôpital universitaire de la Charité à Berlin, Allemagne) a évalué un programme de thérapie par la nature intégré à la prise en charge de jeunes adultes en suivi thérapeutique pour des troubles psychosomatiques. Les participants ont pris part à des séances de jardinage thérapeutique, promenades en forêt et immersion sensorielle en extérieur. Résultat : les patients ont constaté une nette amélioration de leur bien-être mental et une réduction de leurs symptômes dépressifs, tout en soulignant le bienfait émotionnel profond de ces expériences en pleine nature. L’étude a été publiée dans International Journal of Environmental Research and Public Health (Doidoi.org/10.3390/ijerph20032167Doidoi.org/10.3390/ijerph20032167

 ).

Marcher en forêt, jardiner, méditer dehors… cela nous reconnecte à nous-même. On ressent mieux ce qui se passe en nous, on sort de la routine et du bruit, on se reconnecte à l’instant présent. Les bienfaits de la nature viennent alors s’ajouter à ceux de la thérapie psychocorporelle, en offrant un espace apaisant pour réintégrer le corps et l’esprit.

  • Conclusion 

Si vous souhaitez découvrir des thérapies somatiques ou participer à un groupe qui vous permettrait d’explorer ce lien entre corps et esprit, vous pouvez consulter notre liste de groupes. Prenez soin de vous et rappelez-vous, vous n’êtes pas seul. 

Camille Cuny 

    Laisser un commentaire

    Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

    © 2024 healing together. all rights reserved.
    developed with ❤︎ by Pavels.ro